L’effet Instagram  :

– Instagram, c’est quoi ça ?

– Non mais sérieusement ?

Instagram, le temple des selfies avec ou sans filtres, en bord de mer ou borderline.

Le mausolée des célébrités en perpétuel devenir, et des assiettes à brunch en décomposition permanente.

Le musée des flous artistiques sur toiles de maîtres, et des gymqueens serviles pas très nettes et parfois même un peu louches.

Bref, le truc qui a remplacé les albums en papier kraft au mieux, au pire les longues soirées diapositives (1).

Ceux qui seraient partis vivre une expérience de simulation de vie sur Mars et qui auraient décroché de leur smartphone ( y’ avait pas de réseau), viennent à peine de découvrir l’application qui a déjà relégué Facebook dans les maisons de retraite et Twitter dans les sanisettes.

L’effet lifting : 

Pour ne pas se faire manger par le petit fantôme de Snapchat, Instagram s’est subitement métamorphosé en Pac Man via une cure de jouvence : en mai dernier, le petit appareil photo rétro a fini à la brocante, remplacé par un nouveau logo aux couleurs vitaminées sous antihistaminiques.

L’idée était donc de ramener une fois de plus l’instantané à l’heure du petit déjeuner.

La fonction Stories permet à tous de créer de petites images où on peut aussi gribouiller dessus.

Leur accumulation vous permet ainsi de voyager à la fois dans l’espace et le temps.

L’effet inverse :

Le spot Only on Instagram diffusé sur le web et en salles de ciné, conçu par Marcel et habillement réalisé par Megaforce est assez explicite et pourtant onirique :

Il fait des pieds et des mains, d’une fenêtre à une autre, aux quatre coins de la mappemonde, pour vous transporter dans la quatrième dimension par ses images arrêtées. La vidéo a de la suite dans les idées et inversement :

Match de foot et pied qui pue, galerie de la mode fétichiste des sneakers (#selfeet, mon hashtagh préféré), concert géant avec DJ exorbitant, salle de sport à espaliers où on marche sur la tête, chute libre dans la mer pour des bleus qui sèchent les cours, ou homard géant juste avant de sortir en after, la cible est claire et nette et même pas floue : elle est jeune.

L’effet papillon :

J’ai donc fait l’essai dès mon réveil matinal, et voilà ce que ça a donné :

Fille de star qui nourrit ses chiens, chanteur français qui finit une bouteille de rouge et possiblement son prochain album à Bruxelles, Hollywood Sign vu de profil, tunnel gris en noir et blanc, orage nocturne sur Paris, bombe anatomique sur canapé portugais, bien arrivés à Ibiza, vernissage à l’encre de Londres, et logo Instagram joliment bricolé en papier.

Tout comme la pub qui se termine brillamment sur le sigle éclairé au néon.

J’aurais voulu le faire exprès, j’aurais pas pu papillonner autant.

L’effet secondaire :

Après une première vague d’affichage en juin, et le rachat de Boomerang, Instagram  pourrait bien aujourd’hui atteindre son but : ramener les dindes égarées sur Snapchat et chasser les fantômes du passé.

Mais attention, cette application est à consommer avec modération, personne n’a envie de vous voir bourré(e) aux toilettes, votre lune en fin de soirée, ou votre face à l’aube d’un matin pas très clair : ça pourrait très vite vous revenir dans la gueule.

C’est aussi ça, l’effet Boomerang…

Bonus/le détail qui tue :  le morceau Kannata par Rocky Rock, qui illustre de manière très ludique le spot pour lui donner un effet « ballon d’hélium ».

(1) Les diapositives étaient, au siècle dernier, des petits instagrams solides qu’on mettait dans l’ancêtre du home cinéma. Non, des carrés, pas des ronds, ça c’était Viewmaster.